Il est navrant d'entendre, sans répartie claire, en 2021, que Vichy aurait protégé les Juifs français de la déportation. Si 75% des juifs français ont échappé à la déportation cela ne relève pas d'une politique du régime mais de bien d'autres facteurs.
Voici l'histoire de David Blaszka, déporté clamartois. David est né à Paris (France) dans le 12e, en mai 1923. Il est français, fils de polonais émigré, mais français par la loi. La famille Blaszka est tellement bien intégrée en France que les parents et enfants nés en Pologne sont naturalisés en 1928. Ils se sentent tellement français que dans les recensements leurs prénoms sont francisés. David est clamartois. Son père tient une cordonnerie au bas de la rue Hébert, au numéro 15.
Le 18 février 1943, David Blaszka est mort à Auschwitz dans le pays de ses parents, pays qu'il n'avait jamais connu auparavant. Sa mort n'est pas un accident, ni un suicide, ni un hasard.
Il est arrivé là par le convoi n°48, parti de Drancy (France) le 13 février. Il a été arrêté dans la rafle du 26 octobre 1942 menée par la police française, puis interné à Drancy. Dans ce convoi, David n'était pas seul bien sûr. Il y a avait son frère Léon, français par naturalisation puis dénaturalisé par décret de Vichy. Voilà comment on fait des juifs étrangers...
Auparavant, le cousin de David, Simon, né en France en 1935, français donc, a été déporté par le convoi n°23 et est assassiné le 29 août 1942 : il n'avait pas encore fêté son septième anniversaire... Ses soeurs Suzanne, Nadine, Rachel ont été déportées et assassinées également. Un autre cousin, Léon, né en 1928 en France, français donc, est parti en 1944 par le convoi n°68 et n'est pas revenu.
Les cas de David, Simon et Léon Blaszka ne sont pas des cas isolés. Il suffit de se renseigner : les sources sont multiples, les documents accessibles. Je joins ici la carte interactive des enfants Juifs déportés...(Les enfants y sont listés par lieu d'arrestation, non par lieu de domicile, d'où les écarts apparents avec mes informations; de même certains prénoms sont différents selon qu'ils tiennent compte de la francisation, qui est déclarative et non officielle).
La France de Vichy a été complice de la déportation des Juifs, français ou non, et le président Chirac l'a solennellement reconnu il y a longtemps maintenant, le 16 juillet 1995.
Depuis février 1993, le 16 juillet est la Journée nationale à la mémoire des victimes des crimes racistes et antisémites de l'État français et d'hommage aux « Justes » de France.
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